Les nouveaux programmes 2025 : une vision mécaniste des apprentissages
Ces nouveaux programmes « ne répondent ni au malaise des élèves qui s’ennuient dans des tâches répétitives, ni au désarroi des enseignant·es, contraint·es par des programmes rigides, qui constatent la baisse de niveau en lecture, écriture, orthographe, et ne savent pas, faute de formation, comment s’y prendre pour aider des publics de plus en plus hétérogènes, et les accompagner par un enseignement qui ferait sens. » d’après l’AFEF (association française pour l’enseignement du français)
Ces programmes partent du principe que ce qui est enseigné est immédiatement compris, appris et retenu par les élèves, comme si tous les enfants apprenaient à parler, à lire, à écrire, à compter ou à résoudre des problèmes au même moment. La diversité des rythmes d’apprentissage des enfants est niée, ainsi que les recherches en la matière.
Un grand nombre d’enfants, notamment les plus fragiles, se retrouveront en difficulté dès le plus jeune âge car ils ne correspondent pas à « l’élève-type théorique » pris comme norme universelle. Alors que l’inclusion scolaire et la prise en compte des élèves à besoins particuliers font partie des enjeux de l’École d’aujourd’hui, ces programmes les ignorent complètement.
Des listes de compétences à acquérir comme seul horizon ?
Le français et les maths sont alors posés comme des « fondamentaux », qui seraient préalables à l’acquisition des savoirs que l’Ecole doit garantir à tous, au détriment des autres matières. On en oublie l’enseignement des langages dans les autres disciplines. Or ce sont elles qui permettent aux élèves de penser, se questionner, s’exprimer, se cultiver.
Un métier réduit au rôle d’exécutant ?
Les programmes réduisent les objectifs d’enseignement à des listes prescriptives de savoirs ou de procédures. Ils indiquent tout ce que les élèves devraient savoir faire, sans jamais aider les enseignant.es à comprendre ce qui est difficile pour y parvenir. Avant de conclure trop rapidement que la majorité de leurs élèves ont urgemment besoin de prise en charge spécialisées, il est nécessaire d’apprendre à tous, élèves comme enseignant.es, à décoder les implicites scolaires, à se sentir en capacité de le faire.
Ces nouveaux textes risquent en réalité de creuser encore la défiance entre un « terrain » chargé de « faire avec » toutes les difficultés sociales et les inégalités, et un ministère de plus en plus « hors-sol » dans sa prescription, divisant à dessein ceux qui prescrivent, ceux qui exécutent et ceux qui contrôlent.