L'instrumentarium Baschet à l'école élémentaire
L’instrumentarium Baschet est un ensemble de 14 structures sonores principalement destinées à l’éducation musicale des enfants. Cet ensemble d’instruments musicaux a été conçu à la fin des années 70 par les frères Baschet, deux artistes français de renommée internationale. Ces structures sonores représentent un des rares exemples d’innovation en facture instrumentale acoustique au XXe siècle. Elles appartiennent à une esthétique musicale moderne fondée sur le son plutôt que sur la tonalité.
Objectifs de cet instrumentarium
Produire des sons variés, originaux et agréables à l’oreille ;
Favoriser les échanges en communiquant les uns avec les autres par l’intermédiaires des instruments (public ciblé) ;
Assembler des sons, structurer des moments musicaux ;
Jouer ensemble en prenant plaisir à l’écoute de l’univers musical créé ;
Développer une finesse d’écoute : la recherche d’un équilibre des sonorités force le joueur à écouter, à respecter le jeu des autres ;
Développer une diversité de gestes sonores ;
Développer l’imaginaire sonore ;
Cet instrumentarium offre une palette de sons permettant l’expression artistique, comme le peintre dispose de sa palette de couleurs pour réaliser une œuvre.
Sa fonction première n’est pas de produire des notes et des mélodies (musique tonale), mais bien des sons, des contrastes de timbres, de créer un paysage sonore.
L’intérêt pédagogique des structures Baschet
Elles suscitent attirance et désir spontané de jouer avec les sons ;
Elles mettent le visiteur en situation de production immédiate, sans réclamer de lui maîtrise technique ou solfège préalable ; la facilité de jeu est indéniable, quelque soit l’âge du joueur ;
Elles ne se réfèrent pas à du « déjà entendu » ou du « déjà vu » : les participants ont moins d’inhibition que d’ordinaire. L’enfant peut jouer librement et s’exprimer sans complexe ;
Elles produisent des sons à résonance moderne qui trouveront écho dans des activités d’écoute (Varèse, Parmegiani, Levinas,…) ;
La qualité sonore qui résulte d’un geste, même timide, même maladroit permet à des instituteurs de faire travailler des enfants manquant de confiance en eux, ou en difficulté scolaire, ou connaissant des troubles du comportement ;
Les structures sonores ne sonnent jamais faux (on parle plutôt du respect ou non de la consigne) ; il n’y a pas de bon ou de mauvais son, les impuretés du son sont des éléments de curiosité et d’exploration ; on retrouve cet intérêt également dans les jeux vocaux ;
Elles offrent la possibilité de créer une ambiance sonore, une structure de soutien pour un conte, une histoire, l’animation d’une image ; on peut faire ressortir des sentiments comme la colère, la peur, la tristesse, l’apaisement,…
Les enfants ont la possibilité de jouer seuls ou à plusieurs sur une même structure, debout, assis, à genoux,… Si on a les 7 structures, on peut installer jusqu’à une vingtaine d’enfants en même temps, sans compter les « auditeurs » ou « récitants » ou « danseurs » ou…, ce qui est appréciable dans la conduite de sa classe ;
Plan de l’animation pédagogique
Première partie (3heures)
Premiers contacts
La disposition la plus adéquate semble être le cercle ; les participants peuvent se voir, le son est bien réparti, les jeux fonctionnent bien.
Propositions d’entrée :
• les participants se promènent comme sur un chemin, regardent, touchent, commentent, discutent, décrivent, donnent leurs premières impressions ; on peut éventuellement donner un nom à chaque structure, lui trouver un caractère.
• On fait entrer les participants un par un ; chacun choisit de s’asseoir près d’une structure, 3 personnes maximum peuvent choisir la même structure.
- Première rencontre : l’exploration ;
On essaie de produire des bruits, des sons les plus différents possibles sur différentes parties de l’objet : « Vous trouvez 3 manières différentes de jouer sur votre instrument, « Vous cherchez toutes les actions (=verbes) réalisables »
- Jeu du furet : un groupe commence à jouer, quand il cesse, le groupe suivant enchaîne, sans interruption ; quand le jeu fonctionne bien, on peut préparer un deuxième départ simultanément ou en décalage.
- Accumulation/dés-accumulation : un groupe joue, un deuxième groupe se rajoute, puis un troisième… quand tous les participants jouent, le premier groupe cesse de jouer, puis le deuxième,… jusqu’au retour du silence.
- Le chef d’orchestre : l’animateur fait jouer un ou plusieurs groupes, en retire certains, en fait entrer d’autres, alterne les phases « solo » et les phases « tutti », les silences,… Ce rôle peut être délégué à un enfant, voire même 2 chefs d’orchestre ayant à disposition la moitié des structures. (Il est intéressant de mettre les 2 chefs dos à dos et face à leurs musiciens).
- L’intensité : un participant se promène dans le cercle ; là où il se trouve, on joue plus fort, quand il se déplace ailleurs, on joue très doucement.
- Le jeu des appels : à partir d’un jeu vocal. Les participants sont en cercle et se transmettent un appel : « héééé ho » qui passe de l’un à l’autre (le regard est très important pour être interpellé). Très vite, on constitue un autre groupe, au milieu du 1er cercle par exemple, qui se passe un autre appel. Quand le jeu est bien compris, on propose aux participants de changer leur appel quand ils le souhaitent. On peut transposer ce jeu sur les structures où un enfant en interpelle un autre et lui envoie un « message » musical.
- A la fin des premières séances, des élèves CII/ CIII sont capables de créer une petite production sur leur objet sonore avec « un début, un milieu, une fin » qu’ils jouent pour le reste de la classe. Le « lexique » utilisé pendant les séances est alors réinvesti (qualité du geste, durée, intensité, simultanéité, question/réponse, répétition,…).
Les « percuteurs »
Très vite, les enfants vont demander à utiliser des outils pour frapper, frotter, gratter,… et pour soulager leurs doigts ! Ces outils peuvent être cachés sous les socles des structures avant
une séance, ou bien les élèves choisissent ce qu’ils veulent tester. Ils trouveront dans la classe de quoi les satisfaire : Crayons, règles dans des matières différentes, gommes, stylos,
capuchons, billes,… L’enseignant peut apporter de nombreuses baguettes (bois, plastique, fer,…) souples ou rigides en plus des mailloches disponibles dans la valisette.
Seul inconvénient, le volume sonore est très important et difficile à supporter sur le long terme. Des outils peuvent être utiles sur 2 ou 3 structures mais on revient vite aux mains et doigts d’une manière générale !
Durant cette séance, il est important de veiller à l’emploi des 2 mains (motricité) pour réaliser les gestes. Les jeux proposés peuvent reprendre ceux vus pendant la phase exploratoire.
Deuxième partie (3 heures)
Rythme
Proposer une cellule rythmique :
• la mettre en mots (avec des prénoms de la classe, des mots rigolos, un extrait de comptine…)
• la jouer corporellement (trouver des gestes différents, des résonnances sur des parties du corps)
• trouver comment l’adapter sur son objet sonore : on peut être seul ou la jouer à plusieurs, en même temps ou en alternance,…
Ecouter les propositions, les valider ou non.
A cette étape, les jeux du furet, des accumulations, des questions réponses, dialogues, solo/tutti, fort/faible, chef d’orchestre,… sont très riches.
Une ou plusieurs structures restent sur un ostinato, les autres font une improvisation (en n’oubliant pas d’installer des silences pour mieux repérer l’ostinato).
Codage/décodage
1-On reprend toutes les actions gestuelles répertoriées dans la phase exploratoire pour attribuer un code à chaque mouvement clairement défini.
– Exemples :
*taper= 0 donc 0 0 0 signifie « je tape trois fois »
*pincer= î
2-Chaque groupe crée un court morceau sur sa structure ; le groupe sait rejouer le morceau à l’identique.
3-Chaque groupe dispose d’une grande feuille et de marqueurs : s’il y a 3 enfants qui jouent, il y a 3 lignes horizontales dessinées sur la feuille. Une ligne représente la partition d’un enfant.
4-On code son morceau sur sa feuille en utilisant les signes retenus, en respectant le jeu « solo » ou simultané, les silences,…
5-Jeu : toutes les partitions sont accrochées ; un groupe joue, on doit retrouver quelle est sa partition et éventuellement corriger les erreurs.
6-Autre jeu : le maître prépare une partition et affiche sa feuille. Chaque groupe dispose de quelques minutes pour trouver une interprétation possible et la jouer ensuite devant toute la classe (qui valide ou non).
7-Autre style de partition : chaque structure est représentée par un code (couleur par exemple). On peut commencer avec 3 instruments seulement (c’est plus simple). La partition indique qui joue, éventuellement son geste (ça rejoint un peu « le chef d’orchestre »).
Prolongements possibles :
Enregistrement audio des productions (présentation du matériel adapté) et écoute différée et lien avec la musique contemporaine.
On peut proposer des écoutes de CD au fur et à mesure des séances. (cf. « 50 activités d’éducation musicale » éd. Sceren)
B.O. La Scoumoune
Découflé « Decodex »
Edgar Varèse « Ionisation »
De Fanti « Dejembe »
Georges Self « Garnett »
Valorisation des productions mise en ligne sur le site de l’école, bande son de spectacles de danse, théâtre, cinéma. (Commande précise pour une atmosphère de peur, de joie, de suspense…)
Fabrication d’instruments simples, utilisation détournée d’instruments existants pour créer son propre instrumentarium de classe.