des enfants se mettent en projet :

Le cirque dans une classe coopérative :

1. Découverte
Pour commencer, j’ai emprunté une malle de matériel de cirque à l’OCCE, que nousavons pu garder quelques semaines. La motivation des enfants était gr ande, et tous appréciaient ces activités qui sont très à part de ce qu’ils connaissent déjà (entre le sport, le théâtre, la gymnastique, …)
La découverte des activités de jonglage et d’équilibre se faisaient lors de moments collectifs suivis de moments d’ ateliers assez courts (5 à 10 minutes) pour que chacun puisse passer partout.
A la fin de chaque séance, quelques enfants pouvaient montrer au groupe ce qu’ils arrivaient à faire, et les progrès étaient rapides et motivants.
On a donc construit au fur e t à mesure des découvertes (et avec les apports du maître) un inventaire de tout ce qu’on pouvait faire avec ces appareils.

Le projet de chacun était encore bien vague, peut-être simplement essayer, voir si des fois on serait pas capable d’y arriver du pr emier coup, ou très vite … Simplement pour le plaisir d’une activité libre, la jubilation d’un mouvement qu’on arrive à maîtriser. Mais il a fallu bientôt rendre le matériel, et de cette frustration est né un premier projet collectif au conseil : acheter un matériel qui serait à nous et qu’on pourrait donc utiliser toute l’année.

On a donc élaboré une fabrication et une vente de cidre qui nous a rapporté assez d’argent pour acheter quelques monocycles et autres massues.

2. Structuration.
Aux rapides progrès du début (on partait de rien !), a suivi une période plus difficile car le cirque est aussi une discipline exigeante pour continuer à progresser.
A partir des trouvailles des enfants et de mes connaissances personnelles, j’ai élaboré une fiche de capacité dans laquelle chacun peut relever ses réussites et mesurer ses progrès. Des brevets permettent de valoriser la réussite, et donnent un statut à certains enfants, qui peuvent alors être sollicités pour aider ceux qui ont plus de difficultés.
Chaque semaine , une séance permet de montrer au groupe les progrès de chacun. Ils sont validés en remplissant la feuille de capacité.
Le projet individuel se précise : chacun veut progresser.
Le projet collectif va donc être d’élaborer un fonctionnement qui favorise l es progrès de chacun. Le travail autonome par atelier demande une organisation qui se structure au cours du conseil de coopérative. ( responsabilisation des enfants pour installer le matériel au début de la séance, le ranger à la fin, vérifier que l’on en oublie pas, sécurité des ateliers d’équilibre avec la parade pour protéger les camarades ,… )

La gestion du matériel (qui appartient au groupe) va faire aussi l’objet de deux propositions importantes au conseil de coopérative :

  • –  On peut emmener le matériel à la maison
  • –  On peut l’utiliser à la récréation.
    Ces deux règles votées au conseil vont permettre aux enfants d’investir pleinement l’activité cirque, et de s’approprier leurs projets.

3. Un projet qui s’affine
Après cette période de découverte, les enfants ne progressent plus beaucoup car ils sont trop éparpillés pendant des ateliers trop courts et trop variés.
Je leur propose donc de recentrer leurs apprentissages sur deux disciplines seulement. Nous pratiquons déjà dans la classe un plan de travail sur une période de quinze jours. Pendant cette période, les enfants essaient de remplir un contrat qui est défini au début et évalué à la fin.

Au début de la période, chacun choisit deux disciplines (une de jonglage et une d’équilibre) parmi huit. Il note dans son plan la capacité qu’il voudrait acquérir pendant la période en s’aidant de la fiche de capacité.

Pour réaliser son projet, chacun peut ;

  • –  emmener le matériel à la maison le soir
  • –  l’utiliser à la récréation
  • –  s’entraîner pendant les séances d’éducation physi que à l’école. (2 ateliers dequinze minutes par séance)
    Pendant la dernière séance de la période, chacun dit à la classe ses progrès, et peut valider son contrat par une démonstration.
    A partir de ce moment, les capacités des enfants deviennent vraiment s pectaculaires.

4. Un projet fédérateur : le spectacle.
Différentes occasions de spectacle s’offrent à nous selon les années : rencontres départementales des arts du cirque organisée par Mireille Bélanger, traditionnel spectacle de fin d’année, spectacle pour l’école d’à côté, …
Dans ce projet de spectacle, chacun doit trouver la place de s’exprimer personnellement autant par le faire que dans la conception. C’est pourquoi je ne trouve pas satisfaisants les spectacles où évolue la classe entière, mise en scène par le maître.
Je propose aux enfants de s’intégrer dans une équipe de quatre. Chaque équipe va préparer un numéro du spectacle. Ce numéro durera un temps limité et très court (2 ou 3 minutes environ) . Chaque équipe va choisir la discipline et élaborer l es enchaînements de son numéro.
A partir de ce moment, les séances seront structurées de cette manière :

  • –  Un temps d’échauffement
  • –  Un temps d’élaboration des numéros (on parle, on écrit)
  • –  Un temps de répétition (on essaie les enchaînements)
  • –  Un temps de présentation au groupe (critique constructives)
  • Le maître est le coordinateur du spectacle :
  • –  Il aide à l’élaboration des numéros (si besoin)
  • –  Il cherche un fil rouge qui lie le spectacle
  • –  Il prend garde aux enchaînements
  • –  Il propose des musiques…

Pendant le spectacle, tous les enfants sont assis en demi -cercle sur la scène. Ceux qui présentent leur numéro sont au milieu. Les autres les encouragent, applaudissent, dynamisent le public…
Chaque numéro est véritablement porté par le groupe.

Conclusion

Je trouve donc que cette activité cirque est véritablement le moteur de projets personnels pour les enfants, et qu’elle favorise une attitude dynamique devant l’apprentissage. Elle permet aussi de révéler le rôle important du groupe dans une classe coopérative. C’est l ui qui stimule, structure et motive l’apprentissage en lui donnant du sens. Elle donne l’envie de transposer un fonctionnement plus évident ici dans les autres domaines de l’école (maths, français, sciences,…)